Le pull-over de Buchenwald de Bertrand Herz

Ce récit est le bouleversant témoignage d’un adolescent déporté dans les camps de la mort pour la seule raison qu’il était juif.

Je suis un miraculé. J’aurais dû être déporté à Auschwitz et gazé comme la quasi-totalité des 76 000 juifs de France arrêtés. Mais j’ai été interné à Buchenwald. J’aurais pu être battu ou même tué parce que j’avais un jour donné un coup de pied à un Stubendienst. Mais il ne m’est rien arrivé. J’aurais dû, pendant l’évacuation forcée pour fuir les Américains, traînard épuisé au bord de la route, recevoir une balle de SS dans la nuque. Mais cette balle, je ne l’ai pas reçue. En 1945, après mon retour, j’ai voulu effacer de ma mémoire le souvenir de ma déportation. N’était-ce pas injuste vis-à-vis des hommes qui étaient à mes côtés, notamment mon père, un homme d’un courage et d’un optimisme extraordinaires, qui n’a cessé de me protéger jusqu’à sa mort ?

Il est toujours difficile de "juger" un témoignage, d'autant plus lorsqu'il touche un sujet aussi sensible que la Seconde Guerre Mondiale et les événements tragiques qui y sont rattachés.

J'ai été surprise de découvrir un style très littéraire avec un vocabulaire soutenu : finalement, en connaissant les origines aisées de Bertrand Herz issu d'une famille juive bourgeoise, ce ton un peu scolaire se justifie. L'auteur précise également qu'il a reçu l'aide de Géraldine Soudri (journaliste au magazine L'Histoire) pour la rédaction de ses mémoires.

Le témoignage de Bertrand Herz est assez original car son parcours est parsemé de coïncidences et de facilités qui vont lui permettre de vivre une déportation beaucoup moins violente que ce que l'on peut parfois découvrir : sans vouloir minimiser la souffrance de l'auteur, d'ailleurs il l'évoque lui-même, sa détention à Buchenwald ainsi que les sacrifices de son père qui l'accompagne et la relative bienveillance du kapo Herrmann donne une image très édulcorée de l'époque. Réalité ou bien mémoire sélective, la question reste bien sûr posée puisque M. Herz lui-même explique que la majorité de son récit s'appuie sur le journal de bord qu'il tenait pendant son adolescence.

La dernière partie est également très intéressante puisque l'on aborde le sujet de l'après-guerre et surtout du retour à la vie normale, à la liberté, au sein d'une famille aimante et d'un foyer chaleureux. Le parti pris du silence dans les décennies suivant l'armistice est compréhensible, le déclic et le devoir de mémoire, notamment grâce à ses petits enfants, nécessaires.

En bref, un témoignage sur la Seconde Guerre Mondiale qui dénote un peu de ce que l'on peut lire d'habitude : Bertrand Herz raconte son parcours d'une façon succincte mais intéressante. Des mémoires qui resteront toujours nécessaire pour apprendre génération après génération ce que la quête de pouvoir peut engendrer.

J'ai lu ce roman grâce au site Livradditc et aux éditions Tallandier que je remercie.

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