Pour solde de tout compte de E. George
Linley & Havers, tome 5.
La surdité d'Elena Weaver ne l'empêchait nullement de mener à Cambridge de brillantes études en même temps qu'une vie sexuelle parfois dangereuse. Et c'est dans une île mal famée en bordure de la ville que l'on découvre son cadavre mutilé. Une mort atroce pour la belle étudiante, fille d'un professeur respecté du collège St Stephen.
Les maladresses de la police locale incitent Scotland Yard à dépêcher sur place deux de ses meilleurs enquêteurs. Une nouvelle occasion pour le sergent Barbara Havers, toujours aussi caustique et mal fagotée, de retrouver son vieil ennemi intime, le comte Lynley, sa Bentley et ses bonnes manières d'ancien d'Eton.
J'ai pris cette série policière en plein milieu et je la continue dans le désordre...
Elizabeth George pose le décor de son intrigue avec d'abondantes descriptions. La carte en début de roman permet de situer les différents bâtiments et rues dont il est question au fil des pages : si les lieux sont nombreux, on se rend finalement compte que l'enquête se déroule presque en huis-clos au sein du campus de Cambridge.
Les personnages récurrents que j'ai découvert dans le tome 17 m'ont semblé plus attachants ici, sans doute parce que l'auteure les développe encore et que leurs histoires personnelles s'étoffent et évoluent significativement dans ce tome.
Les personnages secondaires inhérents à l'enquête sont intéressants malgré des relations assez malsaines tout au long de l'histoire : les liens entre eux sont très étroits et cette promiscuité engendre parfois des situations ambigues.
L'intrigue est très originale car elle aborde le sujet de la surdité et de la différence en général. Il est intéressant de voir comment les personnes "normales" voient et vivent le handicap des autres, d'autant plus que la surdité d'Elena n'est pas forcément visible au premier coup d'oeil ni bien accepté par ses proches qui ont tout fait pour l'élever le plus normalement possible. S'ajoute à cela la pression sociale liée aux liens familiaux, très forte dans cette communauté assez bourgeoise.
Je l'avais déjà remarqué dans ma lecture de La ronde des mensonges et je pense que c'est un thème récurrent pour Elizabeth George et dans cette série en particulier, la question de la maternité est très présente. Entre l'amour inconditionnel de Glynn pour sa fille, la frustration de Justine dans son couple, la dépression de Penelope suite à son accouchement, chaque sentiment féminin est décortiqué. Havers est également touchée par la sénilité de sa propre mère qui ne peut plus vivre seule.
Malgré quelques longueurs liées à toutes ces réflexions, le dénouement est surprenant puisqu'il met en avant cette fois-ci l'art et la créativité ainsi que l'importance que l'on donne aux objets et aux personnes qui nous entourent.
En bref, une enquête intéressante grâce aux multiples sujets traités. Elizabeth George parle de notions qui la touchent, ce qui donne des pistes de réflexion auxquelles on ne s'attendait pas forcément. Je remarque quelques lenteurs propres au style anglais mais qui ne m'ont pas gênées tellement la lecture de ce tome est riche.
Pour aller plus loin : La bibliographie de l'auteure - Les autres tomes de la série
Du même auteur, sur le blog :
- Linley & Havers, tome 17 : La ronde des mensonges
- The Edge of Nowhere : Saratoga Woods, L'île de Nera
D'autres avis sur
-----