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Les lectures de Riz-Deux-ZzZ
15 octobre 2018

Qui touche à mon corps je le tue de V. Goby

Source: Externe

 

Marie G., faiseuse d'anges, dans sa cellule, condamnée à mort, l'une des dernières femmes guillotinées. Lucie L., femme avortée, dans l'obscurité de sa chambre. Henri D., exécuteur des hautes œuvres, dans l'attente du jour qui se lève. De l'aube à l'aube, trois corps en lutte pour la lumière, à la frontière de la vie et de la mort.

 

Frise

 

Ce roman est typiquement le genre de lecture pour lequel j'ai peur de ne pas arriver à en parler correctement. Le travail d'écriture de Valentine Goby est tellement marqué et sa plume tellement atypique qu'il est extrêmement compliqué d'émettre un avis sans se sentir totalement illégitime à critiquer... L'auteure nous narre la journée du 29 juillet 1943, dernière journée avant l'éxécution de Marie-Louise Giraud, une des seules femmes à avoir été exécutées en France sous le regard de trois personnages intimement liés sans vraiment le savoir.

L'écriture est très hâchée avec des phrases courtes et des digressions sans transition, des souvenirs qui remontent douloureusement à la surface à cause de la situation. 

 

Les trois personnages sont à la fois proches et très lointains. Proches du lecteur par les évènements qui les amènent devant nous, par les choix dont ils subissent les conséquances et lointains par l'écriture froide et la dénomination de l'auteure qui s'obstine à les appeler par leurs prénoms et l'initiale de leurs noms, comme si l'anonymat était nécessaire même 75 ans plus tard.

J'ai eu beaucoup d'empathie pour Henri, le bourreau, personnage qui se doit d'être impassible pendant son travail. Malgré tout, l'homme est profondément choqué par ses éxécutions qui se répètent sans cesse et qui ameutent la foule sur la place publique, d'autant plus que le drame de sa vie, la perte de son fils y est intrinséquement lié. Cela ouvre les yeux sur ce travail rarement évoqué dans les romans.

 

Lucie, Marie et Henri sont tous blessés par la vie de manière différente mais cela touche toujours la maternité/paternité. Je trouve très intéressant le choix de Valentine Goby de placer un homme dans cette histoire et dans ce thème très féminin qui rejette très souvent la figure paternelle. 

Le découpage du roman en plusieurs moments : l'aube, midi, 16 heures, soirée, permet au lecteur de suivre les personnages tout au long de cette ultime journée, d'arriver à se placer dans le temps par rapport au récit un peu flou. Valentine Goby arrive également à insérer un peu de suspense dans son récit grâce à une lueur d'espoir et la possible grâce de Marie par le gouvernement.

Ce roman est avant tout une façon de montrer que des actes que certains peuvent juger ont peut-être une explication beaucoup moins égoïste et beaucoup moins simple que ce l'on peut penser au départ... Si cette jeune femme se fait avorter plusieurs fois, ce n'est peut-être pas car elle est de "petite vertu" ; si cette mère de famille est une faiseuse d'anges, ce n'est peut-être pas par plaisir ou en adéquation avec ses valeurs ; si cet homme éxécute des criminels jour après jour, ce n'est peut-être pas par vocation ni par plaisir morbide...

 

En bref, un court roman mais qui demande une implication totale du lecteur pour comprendre le véritable message de Valentine Goby. Entre dénonciation du jugement d'autrui et récit d'un fait historique français, l'auteure signe une histoire percutante et subtilement engagée. A lire si le sujet de l'avortement et le regard de la société sur cet acte vous intéressent, si vous cherchez des personnages tortueux et travaillés, si vous souhaitez lire quelque chose de différent.

 

Source: Externe

 

 

Pour aller plus loin : La bibliographie de l'auteure

 

Du même auteur, sur le blog

Kinderzimmer

 

Où trouver ce livre ?

 

D'autres avis sur

Source: Externe 

 

 

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litt

drame

 

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