La mort de Mrs. Westaway de R. Ware
Lorsque Harriet Westaway reçoit un courrier lui annonçant un héritage conséquent provenant de sa grand-mère, cela semble être la réponse inespérée à tous ses problèmes.
En effet, Harriet doit de l’argent, beaucoup d’argent, emprunté à un usurier sans scrupules, et cela risque fort de mettre sa vie en danger. Seul souci : ses grands-parents sont décédés vingt ans auparavant, et elle ne les a même jamais connus. La lettre a donc été adressée à la mauvaise personne.
Mais Harriet qui gagne sa vie en tirant les cartes pour prédire l’avenir n’est plus à une affabulation près. Et ce coup du sort pourrait enfin tout résoudre sauf si le hasard en décide autrement…
Même si les hommes sont très mauvais de nos jours, il y a toujours eu pire.
Je retrouve la plume de Ruth Ware avec plaisir malgré mon avis mitigé sur ma dernière lecture. La lecture est fluide et plutôt rythmée malgré le choix d'un roman basé sur la tension psychologique et non sur l'action pure.
L'alternance de chapitres entre le présent et un journal intime qui date des années 1990 permet également d'en apprendre plus petit à petit et de pouvoir se faire sa propre idée sur l'intrigue.
Quelques longueurs sont présentes en milieu de récit, mais ce n'est pas gênant outre-mesure.
Les personnages sont assez nombreux puisque Hal, l'héroïne, va être propulsée dans une famille nombreuse : il va falloir que, comme elle, le lecteur apprenne à connaître cette fratrie, leurs caractères et leurs habitudes. La psychologie des personnages est plutôt bien travaillée et chacun aura son rôle à jouer dans l'intrigue.
Concernant Hal, son évolution est intéressante et finalement plutôt touchante. Son but premier, peu angélique, va se transformer en réelle quête d'identité : ce besoin, de retrouver un cercle familial, de connaître son passé et ses racines est très bien retranscrit par l'auteure grâce à une héroïne peu sure d'elle et très sensible. Certaines de ses décisions ne m'ont pas vraiment convaincus, mais l'ensemble reste cohérent et les quelques invraisemblances sont vite oubliées.
Les éditions ont mis l'accent sur la ressemblance de ce récit à celui de Rebecca de Daphné du Maurier : si l'inspiration de Ruth Ware est incontestable, l'élève ne dépasse pas encore le maître !
Effectivement, de nombreux petits clins d'œil sont présents au fil des pages, cette propriété grise et austère, cette ambiance lourde de non-dits et cette gouvernante peu accueillante... Néanmoins, la tension psychologique et le suspens ne sont pas aussi palpables ici, Ruth Ware apporte tout de même une touche d'humanité qui laisse respirer le lecteur de temps en temps.
L'auteure a également choisi d'évoquer un thème assez original qui semble, au départ, n'avoir aucun intérêt : la cartomancie. Et elle réussit à l'intégrer parfaitement à l'intrigue, à nous enseigner certains points théoriques sur la lecture des cartes de tarot et leurs fonctionnements sans que cela ne gâche la lecture ou semble arriver comme un cheveu sur la soupe. Je suis agréablement surprise de cette touche peu commune et je suis ravie d'en avoir appris un peu plus sur cet art.
L'intrigue en elle-même met du temps à démarrer et prend réellement son ampleur dans la seconde moitié du récit. Les révélations arrivent via le journal intime et les nombreuses incohérences que Hal va noter. J'ai été menée en bateau jusqu'au dénouement et ce secret de famille, pourtant plutôt banal, m'a surprise et a parfaitement fonctionné sur moi.
Pour aller plus loin : La bibliographie de l'auteure
Du même auteur, sur le blog :
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