Kinderzimmer de V. Goby
Contemporain.
Exemplaire publié en 2013,
aux éditions Actes Sud.
218 pages.
En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.
Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles.
Très intéressée par la période de la Seconde Guerre Mondiale, je n'ai encore jamais lu de récit traitant des femmes enceintes dans les camps ni des Kinderzimmer.
Dès le départ, j'ai été un peu ralenti par le style de l'auteur. J'ai eu l'impression d'une écriture un peu brouillonne, décousue et hachée par moments : beaucoup de phrases courtes, voire très courtes, des changements de sujets assez fréquents et parfois dans le même paragraphe, des flash-backs pas vraiment bien amenés, etc.
Je pense que ce problème pour moi est un parti pris de l'auteur pour montrer à quel point il est difficile de raconter une période aussi dure que celle-ci.
Finalement, j'ai quand même réussi à passer outre.
L'histoire se concentre sur un seul personnage principal puisque l'auteur écrit ce roman comme une sorte de biographie. Mila est forcément attachante à cause des épreuves qu'elle subit et de la manière très naïve dont elle les raconte.
J'ai cependant été un peu décontenancée de voir sa totale ignorance face à la maternité et à la façon de concevoir un enfant même si V. Goby nous donne des explications. L'époque était également complètement différente de la nôtre concernant ce sujet.
Même si les personnages secondaires sont assez effacés malgré leurs rôles dans la vie et la survie de Mila, j'ai quand même été peinée lors des différents décès. Je pense que l'horreur dans laquelle ces événements se passent ne peut qu'accentuer les sentiments que le lecteur peut éprouver pour eux.
Par contre, je n'ai toujours pas compris le changement de prénom de Mila...
Le roman n'a pas d'intrigue à proprement parler, si ce n'est l'espoir que Mila et son enfant vont survivre à la déportation. Ce récit est plus une tranche de vie, une découverte des atrocités qui se sont passées à cette époque sans que la plupart des gens s'en doute...
Je trouve que le travail de V. Goby est remarquable : elle réussit à mettre des mots sur des actes totalement barbares et c'est bien le premier roman que je lis qui va aussi loin dans la description du quotidien des déportés. J'avais l'impression de lire un reportage dans lequel des images d'archives nous sont montrées : certains passages m'ont réellement fait remonter des scènes de ces émissions.
En bref, V. Goby nous livre un roman dur et très réaliste sur une période que l'on connaît tous pour ses atrocités. Ici, elle nous montre une facette plutôt méconnue (en tout cas pour moi) et réussit à immiscer totalement le lecteur dans la vie de Mila, ses doutes, ses peurs et ses souffrances.
Ce roman a été lu lors du challenge A vos PAL ! du 18 au 24 mai 2015. Il me permet de participer au BookClub Livraddict de mai 2015.
au challenge des 170 idées, n°68 : quelque chose qui fait penser à une mère.
et au challenge Duels en duo, «Drame/Contemporain».
Pour aller plus loin : La bibliographie de l'auteur
Du même auteur, sur le blog :
Qui touche à mon corps je le tue
Fiche Babelio de l'auteur – Site des éditions Actes Sud