Stasi Child de D. Young

13 octobre 2016

Source: Externe

À Berlin au temps du Mur, la méfiance est la règle et la confiance, un luxe. Vous ne saurez jamais quelle question peut vous trahir.

Hiver 1975, Berlin-Est. Karin Müller et Werner Tilsner, officiers de police, sont dépêchés au cimetière près du mur de Berlin afin de mener une enquête sur le meurtre d'une adolescente. Les journaux affirment que la jeune fille a été fusillée par une patrouille frontalière de l'Ouest alors qu'elle fuyait vers l'Est. Toutefois, l'autopsie prouve que la scène de crime a été modifiée et la fille violée et assassinée. On ordonne à Tilsner et Müller de s'en tenir à la recherche de l'identité de la victime, et de rester discrets. Trouver le coupable ne semble pas être la priorité... En dépit de sa loyauté sans faille envers le régime, Müller s'engage corps et âme dans l'enquête. Elle refuse de laisser échapper le coupable. Mais elle est surveillée de très près et ceux qui veulent entraver ses recherches sont nombreux. Lorsque son propre mari disparaît, Karin va se demander qui est véritablement son ennemi et choisir son camp.

Je suis très intéressée par la Seconde Guerre Mondiale mais l'après-Guerre, notamment du côté allemand, me reste inconnu.

Le roman débute par une sorte de préface pour informer le lecteur du contexte historique. C'est une très bonne idée pour resituer l'intrigue que l'on lire et nous permettre de s'immiscer dans l'ambiance de l'époque.

L'ambiance est d'ailleurs un des points forts de ce roman : David Young arrive à retranscrire parfaitement le clivage entre Berlin Est et Berlin Ouest, que ce soit au niveau économique ou social. L'intrigue et l'évolution des personnages vont aussi aborder le côté délétère et patriotique de la population de la RDA.

J'ai été assez surprise de découvrir que le personnage principal est une femme : je m'attendais à arriver dans un monde très machiste à cause de l'époque. Finalement, on découvre que la Femme prend une place de plus en plus importante dans la société du travail malgré les traditions qui peinent à s'effacer.

Cependant, je n'ai pas réussi à m'attacher totalement à Karin. Sa personnalité de femme flic est assez basique avec ses problèmes familiaux et son passé trouble...

J'ai beaucoup plus aimé les passages concernant le centre de redressement et le quotidien d'Irma et Beate.

L'intrigue m'a beaucoup plu : l'auteur utilise le complot politique avec brio, sans perdre le lecteur dans des détails hiérarchiques complexes. Je ne m'attendais pas du tout à la tournure que l'enquête prend petit à petit avec ses flash-backs, c'est pour cela que je n'ose pas trop vous en dire sous risque de vous gâcher la lecture.

Le récit ne comporte pas de grosses facilités, l'ensemble est cohérent et crédible : les différentes procédures de justice prennent du temps, certains détails sont passés sous silence par les politiciens, etc. Encore une fois, l'atmosphère très sécurisée est parfaitement relatée.

La partie concernant Irma est également surprenante. Son évolution dans le camp de redressement et les choix qu'elle prend parfois malgré elle sont plutôt imprévus par rapport à la personnalité que l'on découvre au départ. L'épilogue en est d'ailleurs le parfait exemple.

En bref, sous le couvert d'une fiction, l'auteur met en avant des aberrations malheureusement bien réelles dans l'Allemagne du Mur et aborde une époque assez peu utilisée dans les thrillers et autres romans policiers. Outre le fait que Stasi Child m'en ait appris beaucoup sur cette période, l'enquête est également intéressante et le dénouement inattendu.

J'ai lu ce roman à l'occasion de sa sortie chez les éditions Fleuve le 13 octobre 2016.

Il me permet de participer au challenge gourmand, l'eau : «De retour dans la chambre, son collègue lui tendit un verre d'eau où fondait un comprimé effervescent.»

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