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Les lectures de Riz-Deux-ZzZ
28 novembre 2017

La servante écarlate de M. Atwood

Source: Externe

 

Dans un futur peut-être proche, dans des lieux qui semblent familiers, l'Ordre a été restauré. L'Etat, avec le soutien de sa milice d'Anges noirs, applique à la lettre les préceptes d'un Evangile revisité. Dans cette société régie par l'oppression, sous couvert de protéger les femmes, la maternité est réservée à la caste des Servantes, tout de rouge vêtues. L'une d'elle raconte son quotidien de douleur, d'angoisse et de soumission. Son seul refuge, ce sont les souvenirs d'une vie révolue, d'un temps où elle était libre, où elle avait encore un nom.

 

Frise

 

Découvert un peu par hasard suite au grand bruit de l'adaptation en série, ce titre m'a tout de suite intrigué.

 

Le style de Margaret Atwood dans ce roman peut dérouter aux premiers abords. Le titre VO The Handmaid's Tale annonce la couleur, le lecteur plonge dans un conte, un récit qui n'aura pas forcément de logique temporelle mais plutôt les mémoires d'une Servante dans les premières années de vie du nouvel Ordre.

En effet, les flash-backs sont directement intégrés au reste de l'histoire sans que l'on soit réellement prévenu par la narratrice. On sent également que cette biographie a été écrite dans l'urgence, avec la peur d'être découverte, d'où le côté un peu brouillon.

 

Defred, la narratrice, ne m'a pas tout de suite vraiment convaincue : je l'ai trouvé assez molle et peu concernée par son quotidien morne et répétitif. Au fur et à mesure des pages, on découvre la vie qu'on lui impose en tant que Servante fertile et les émotions arrivent petit à petit. 

Les autres personnages sont décrits de façon subjective, en fonction de la relation que Defred entretient avec chacun. Malgré tout, tous ont un rôle crucial dans le récit avec des personnalités qui englobent plus ou moins la totalité des castes désormais formées : on découvre donc un Commandant et son Épouse, antipathique à souhait mais qui n'a pas vraiment non plus une place à envier malgré son statut privilégié mais aussi les Marthas (les servantes telles qu'on les entend aujourd'hui) et le système sécuritaire avec les Yeux, peu représentés et dont le rôle reste vague.

 

Malgré la simplicité apparente du récit, Margaret Atwood y cache en fait une multitude de sujets complexes : féminisme, religion, dérives sectaires ou manipulation psychologique, de nombreux thèmes affreusement actuels alors que la première publication date des années 80. Il est d'ailleurs assez difficile de dater la vie antérieure de Defred car les quelques allusions à ses souvenirs m'ont semblé à la fois familiers et relativement datés de l'Après-Guerre.

L'Ordre rétabli par le Gouvernement en place remet tout à plat puisque toute technologie est bannie, la Femme est redevenue uniquement un symbôle de Maternité, l'Homme ayant tout pouvoir sur sa maison. Cette question de la maternité m'a d'ailleurs beaucoup intéressée et révoltée en même temps étant donné mon état d'esprit sur le sujet.

En découvrant les différents avis des autres lecteurs, un point important revient régulièrement : la Résistance face à ce nouveau mode de vie. Beaucoup déplorent le manque flagrant de rébellion de Defred et de ses "collègues", vivant cette sorte d'esclavage sans vraiment réagir. C'est également un des sujets qui m'a beaucoup plu dans cette lecture : et nous, comment aurions-nous réagi si, du jour au lendemain, la Femme n'était plus qu'un outil pour assurer la descendance des Hommes ? Avec la pression psychologique que l'État a instauré, quel aurait été notre réaction ? 

Margaret Atwood profite de cette ré-édition récente pour nous expliquer qu'elle n'a finalement rien inventé mais plutôt pioché les différents détails de Gilead au gré des siècles de civilisations qui nous ont précédés : les préceptes de l'Ordre, les moyens de communication et de propagande, tout a déjà réellement existé et relativement bien fonctionné.

Concernant le dénouement, pas de gros rebondissement que l'on peut retrouver dans les dystopies jeunesse actuelles mais une évolution lente qui a le mérite d'être remarquable vu le contexte. L'épilogue caché en "Notes historiques" amène un point de vue différent et remet en perspective mon avis sur certains personnages. Ne vous attendez pas à une conclusion où tout est clair et définitif, l'auteure laisse planer le doute sur le pourquoi et le comment, sur le qui, le où et quand.

 

En bref, une dystopie adulte qui ne laisse pas indifférent. Si le récit en lui-même peut paraître banal et ennuyant, lire entre les lignes et imaginer le monde que Margaret Atwood a créé permet de découvrir de nombreuses pistes de réflexion sur notre propre contexte actuel. Il est d'ailleurs assez intéressant de voir que La servante écarlate interpelle encore 35 ans après sa naissance.

 

Frise

 

J'ai lu ce roman à l'occasion du BookClub Livraddict de Novembre 2017 sur le thème du Féminisme.

Source: Externe

Il me permet de participer au challenge Big Bang Littéraire #2, Publié avant 2007 et Titre en 3 mots. 

 

Pour aller plus loin : La bibliographie de l'auteure

 

Où trouver ce titre ?

 

D'autres avis sur

Source: Externe

 

 

 

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SF

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