Le goût de la haine de V. Bonneau
Éric et Hélène s'épuisent à rembourser leurs dettes. Le couple est fatigué, au bout du rouleau. Éric, fou amoureux d'Hélène cherche des solutions. Il est prêt à se sacrifier pour son Hélène. Lui qui a toujours tout raté veut réussir, cette fois, le coup parfait. Un coup parfaitement raté qui va plonger le couple dans un enfer de vengeance. Mais comme l’a écrit Albert Camus, n’y a-t-il pas que la haine pour rendre les gens intelligents ?
J'aime beaucoup les histoires de vengeance.
Ce court roman est découpé en trois parties bien distinctes. La première présente le couple d'Hélène et Éric : l'alternance de leurs points de vue permet d'avoir une vision globale de leurs problèmes, que ce soit au niveau du couple ou au niveau des finances qui battent de l'aile suite à de mauvais choix de vie. Les chapitres rapides donnent une impression de partie de ping-pong entre les deux personnages. Les interventions de Théo, le fils, amènent encore un peu plus de tension dans cette famille.
Les deux autres parties sont plus classiques avec une traque et une enquête. Le procédé de l'alternance est conservé mais il y a plus de chapitres à la narration omnisciente.
Malgré le fait que les personnages soient bien décrits avec une psychologie très travaillée, je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher à aucun d'entre eux. Eric et Théo sont touchants dans certains passages mais quelques réactions m'ont paru démesurées, peu crédibles.
Max est également un protagoniste antipathique au possible alors que son geste, ou en tout cas l'idée, aurait pu paraître compréhensible.
Dragonescu, la figure de police, reste très en retrait.
La vengeance, c'est mon truc. C'est souvent très sombre et machiavélique à souhait, ici, presque trop : l'ascension de la violence paraît sans fin tandis que les personnages sombrent dans une folie que l'on ne peut pas arrêter.
Éric est décrit comme tellement effacé, quasiment inexistant dans sa vie de couple et de famille que son évolution est presque choquante. On sent que tout peut basculer d'un moment à l'autre, que sa femme est tout pour lui mais le décalage est tellement énorme que j'ai eu du mal à y croire.
L'enquête est totalement mise en retrait, l'auteure donne l'impression que la Justice patauge complètement face à deux hommes qui ne touchent plus terre. J'ai trouvé cet aspect intéressant mais trop peu développé, les derniers chapitres reviennent sur ce point mais jaurais peut-être aimé que l'on se penche plus sur le point de vue de Dragonescu et son impuissance face à la situation.
La question du hasard et de la destinée est également posée à travers l'évènement déclencheur du roman : une simple décision désespérée peut-elle dégénérer autant ? si Éric avait attendu quelques secondes, quelques minutes de plus, en serait-on arriver là ?
Le dénouement devient assez prévisible au fur et à mesure de la lecture mais les efforts d'Éric pour arriver à ses fins sont quand même surprenants. Néanmoins, Valéry Bonneau reste cohérent dans sa ligne directrice sombre et violente.
En bref, ce roman est la description même d'un roman noir : lorsque tout part à la dérive, que l'Homme lâche prise, plus aucune lueur d'espoir n'est possible. Cependant, je regrette une sorte de surenchère qui me laisse perplexe sur certaines scènes, l'horreur étant exploitée à son maximum jusqu'à ne plus en pouvoir.
J'ai lu ce roman grâce au site Simplement et aux éditions NumérikLivres que je remercie.
et à l'occasion du challenge Black November, semaine 3 : Auteurs francophones
Il me permet de participer au challenge Des gages ta PAL ! #9 pour les catégories "Le nom de l'auteur comporte + de 6 lettres", "Auteur français" et "Note supérieure à 16/20"
et au challenge Big Bang Littéraire #2, One-shot.
Pour aller plus loin : La bibliographie de l'auteure
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