Un secret halo de rose de L. Asurgi
Ronan est en détresse depuis la mort de son meilleur ami. Un banal accident de la route aux abords d’un rond-point damné. Que s’est-il vraiment passé ce soir-là ? Ronan ne sait plus très bien. Pourtant, il était aussi dans la voiture. Depuis, ses souvenirs s’entrechoquent, brouillent sa mémoire et les pistes, le mènent à l’impasse. Harcelé par le père du défunt, otage de ses propres démons et hallucinations, lâché par son psy, il s’exile alors sur le phare de la Vieille, au large de la pointe du Raz, où il vivra une odyssée aussi salvatrice qu’extraordinaire, aux confins de l’irréalité.
Cette lecture mêlant contemporain, psychologique et Bretagne m'a intrigué.
La première chose qui saute aux yeux en découvrant ce roman, c'est l'écriture très travaillée de l'auteur, presque poétique, parfois loufoque avec de nombreux jeux de mots. Il s'amuse réellement avec la langue française et nous offre des passages drôles mais avec du sens : "Goulien lui avait intimé de se repérer à un point fixe faramineux, de suivre une orientation sans s'en écarter, de mouiller sa chemise fartée avant son vieux gréement, de ne plus se raconter de fariboles, de sortir de sa cage de Faraday, de cesser ses complaintes de chauffard/soiffard d'un soir, de ne plus rouleur personne dans la farine, de ne plus danser cette farandole de la mort qui filait le cafard, de gober des tomates farcies, de stopper ces pharaoniques alitées rations syllabiques de far parmi lesquelles, blafard et quasi mort alité, il finirait par se noyer en fanfare en guettant l'infarctus ; [...].".
Ronan, le personnage principal, est atypique : en plein syndrome de la page blanche suite au décès de son meilleur ami, il navigue entre rêve et réalité, entre révélations et non-dits.
Les personnages secondaires sont plutôt rares mais tous importants pour l'intrigue, notamment Goulien, le psychiatre.
La première partie du roman peut paraître un peu longue car il n'y a pas beaucoup d'action et que l'auteur ne place pas vraiment de suspense. Petit à petit, à mesure que les souvenirs de Ronan reviennent, des indices apparaissent et un mystère (à l'image du reste de l'histoire) prend forme.
La seconde partie est beaucoup plus rythmée même s'il y a toujours des passages qui restent flous et très abstraits. L'auteur traite des thèmes intéressants comme le deuil ou la culpabilité du survivant ainsi que le travail d'écriture et de la répercussion de la vie quotidienne sur l'inspiration et l'imagination.
J'ai fini par avoir un doute sur le potentiel dénouement, doute qui s'avère être fondé. Cependant, cela ne gâche en rien la stupéfaction lors de la lecture des derniers chapitres et la satisfaction d'avoir découvert un roman riche et prenant.
En bref, un court roman contemporain qui aborde le thème du deuil d'une façon très originale grâce à une plume talentueuse et qui se transforme doucement en une intrigue psychologique surprenante et maîtrisée.
J'ai lu ce roman grâce au site Simplement et à l'auteur, que je remercie.
Il me permet de participer au challenge Loto littéraire #1, pour la boule n°66 : Auteur français.
Pour aller plus loin : La bibliographie de l'auteur - Rejoignez le comité de lecture des éditions Prem'Edit
D'autres avis sur
-----